Ancien étudiant à l’université de la Sainte-Croix à Rome, le Père Horace, colombien, a frôlé la mort à cause de sa mission auprès des jeunes de la rue. Touché par son itinéraire, le pape François l’a invité à concélébrer la messe avec lui, le 4 septembre dernier dans la maison Sainte Marthe au Vatican.
« Dans la Guaira, on me nomme « le miracle de Dieu », mais je préfère penser que je suis « un préféré de Dieu ». La preuve : ce matin j’ai pu concélébrer avec le pape François ! », explique le père Horace Nelson Zúñiga de la Treille. L’origine de cette rencontre exceptionnelle ? La mère d’Horace qui, pour les 45 ans de son fils, a voulu lui offrir la possibilité de voyager à Rome et de rencontrer le Pape.
« Nous avons écrit au Pape le mois dernier, explique-t-elle. Nous lui avons raconté l’histoire d’Horace et lui avons demandé sa bénédiction. Nous ne nous attendions pas du tout à cette si grande grâce ». Ainsi, dans la matinée du samedi 14 septembre, le père Horace a concélébré la messe avec le Pape. Il a pu aussi percevoir tout l’ amour du pape François pour une Eglise qui sort d’elle-même pour aller où sa présence est la plus urgente, quitte à y laisser sa propre vie.
Un zèle apostolique qui attire les jeunes Le Père Horace est né à Carthagène (en Colombie). Après avoir fini ses études à l’Université pontificale de la Sainte-Croix, à Rome, il est envoyé au Venezuela, dans le diocèse de la Guairia. Son lieu de mission : la rue et ses centaines de jeunes qui sont une proie facile pour les narcotrafiquants en quête de vendeurs de drogue. Le père Horace a un charisme qui entraîne, et son zèle apostolique le porte en peu de temps, non seulement à réunir autour de lui à un bon groupe de jeunes – les arrachant des mains des trafiquants – mais aussi initier une campagne de sensibilisation autour de cette plaie qui infecte la jeunesse de la société vénézuélienne.
40 jours dans le coma
En 2009, les chefs de la drogue décident que ce jeune prêtre doit être éliminé parce qu’il devient un obstacle à leur trafic. L’embuscade a lieu en plein jour, à la sortie d’un centre commercial. Le père Horace est battu à coups de battes de base-ball. Il passe des heures allongé sur l’asphalte. Personne n’ose se rapprocher. Finalement, une âme pieuse le prend et l’emmène à l’hôpital. Il reste dans le coma durant quarante jours, et on ne s’attend pas à ce qu’il se réveille… Sa première pensée fut pour ses jeunes : » Ils voulaient me les arracher, mais ils n’ont pas réussi et ils ne les auront pas » tels furent ses premiers mots à son réveil. Il ne sent pas la partie gauche de son corps qui est paralysée.
Après un séjour à Rome pour être soigné, il réussit de nouveau à marcher à l’aide d’une canne. Ne pouvant plus attendre, il revient peu après auprès des jeunes de La Guaira. Là, il crée une école diocésaine qu’il dirige. « Je vis dans la crainte, confie sa mère, parce qu’Horace ne s’arrête pas, il n’a pas peur et il continue de s’occuper de ses jeunes. Il le fait certainement dans les limites de sa condition physique, mais il reste décidé.» Après sa rencontre avec le Pape, Horace retourne au Venezuela avec un esprit encore plus vigoureux. « Je me sens plus fort parce que le Pape François m’a réconforté et a donné un nouveau sens au peu de sang que j’ai donné pour le Christ ».