Ihor Bazan, 24 ans ,est l’un des étudiants ukrainiens qui étudient à l’Université pontificale de la Sainte-Croix à Rome. Il nous fait part de sa douleur et de son espoir face à la guerre en Ukraine.
D’où venez vous ?
Ihor : Je suis né à Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine, et j’appartiens au diocèse de Lviv. Je suis à Rome depuis six mois, j’étudie, et je dois vous dire qu’en ce moment tout est très difficile… Je n’ai pas fui la guerre. Mais malgré tout, je pense à l’Ukraine et à mes amis qui se battent. Je me sens anxieux pour ma maison, mon peuple et mon pays. Je baisse la tête et les genoux devant Dieu .
Que ressentez-vous en pensant à vos proches en Ukraine ?
Ihor : Je viens de Lviv, ma ville est à l’ouest du pays. En Ukraine, Lviv est connue comme la ville la plus patriotique. Cette ville est le centre culturel le plus développé du pays, celui qui préserve le mieux la tradition et la foi.
Dieu merci, pour l’instant ma famille est en sécurité. Il n’y a pas eu de bombes à Lviv après le début de cette guerre. Mais ils sont inquiets. Tout le monde souffre de stress psychologique.
Que pouvez-vous faire ?
Ihor : Pour ma part, étant ici, tout ce que je peux faire, c’est prier, leur dire la vérité sur la situation dans le pays et chercher des opportunités pour aider matérialement et financièrement les personnes. J’ai rejoint un groupe de volontaires, ici à Rome, et je communique quotidiennement avec des adolescents ukrainiens qui défendent le pays. Mon soutien est avant tout psychologique, je leur raconte des histoires que les aident à ne pas trop penser à la guerre, je leur indique comment agir dans les différentes situations et comment rester calme.
Est-ce que la foi est un soutien dans ces moments difficiles ?
Ihor : Je suis né dans une famille où les valeurs chrétiennes sont primordiales, je suis donc allé à l’église dès mon plus jeune âge. Moi dans ma petite enfance, j’étais très intéressé par la religion . Je dois dire que mon arrière-grand-mère a joué le plus grand rôle là-dedans . J’ai adoré lui parler et l’écouter. Elle m’a parlé des traditions ukrainiennes, de la Seconde Guerre mondiale, m’a chanté des chansons et m’a appris de nombreux poèmes. Je l’aime beaucoup. Cependant, en grandissant, je ne pensais plus devenir prêtre. Je n’en ai même plus parlé. J’ai commencé à étudier à la Faculté de journalisme parce que je travaillais comme animateur sur une radio Chrétienne. C’est là que j’ai commencé à étudier le sujet de la religion d’une manière différente. J’ai commencé à lire la Bible, j’ai étudié les détails de la liturgie, les rites et plus encore : c’est un moment où j’ai réfléchis à pourquoi je crois en Dieu.
Et être ici à Rome est un rêve, une opportunité unique dont j’ai profité. Je me souviens d’avoir prié il y a quelques années pour venir à Rome, pour apprendre beaucoup, m’entraîner ici et acquérir de nouvelles expériences pour ma vie future et présente.
Quelle est l’importance de votre Église, l’Église gréco-catholique (qui est en communion avec le Pape et avec Rome) dans l’histoire de l’Ukraine et quel est son rôle dans le pays ?
Ihor : Oui, en fait l’Église gréco-catholique ukrainienne a toujours été un bastion de notre identité. L’Église gréco-catholique ukrainienne est restée longtemps clandestine sous le régime soviétique. Les prêtres de notre Église ont été emprisonnés, torturés et tués pour avoir reconnu l’Ukraine comme une identité spécifique et faire partie de l’Église catholique de rite grec.
Comment pouvons-nous aider d’une manière ou d’une autre le peuple ukrainien ?
Ihor : L’aide la plus importante qui puisse venir des étrangers est les manifestations publiques, la prière et l’aide financière, lorsque cela est possible. L’aide humanitaire est également collectée dans de nombreux pays.
Par exemple, ici à Rome, cela se fait déjà depuis le premier jour de la guerre. De nombreux Italiens et Ukrainiens en Italie fournissaient, également envoyant ou en livrant personnellement, ici à Rome, une aide humanitaire ukrainienne à la cathédrale Sainte-Sophie. J’y suis moi-même bénévole. J’aide à trier des produits et d’autres choses, et nous chargeons aussi de camions qui livrent l’aide humanitaire à l’Ukraine.
Merci de votre soutien fidèle et de votre prière pour nous et pour notre pays !