ORDONNÉ PRÊTRE EN MAI 2019, YANN LE BRAS RETRACE L’ITINÉRAIRE QUI L’A CONDUIT AU SACERDOCE.
IL TÉMOIGNE ÉGALEMENT DES RICHESSES REÇUES TOUT AU LONG DE SA FORMATION À L’UNIVERSITÉ DE LA SAINTE-CROIX
1 – Pouvez-vous nous raconter brièvement votre enfance et la première fois que vous vous êtes senti appelé par Dieu ?
Je suis l’aîné d’une famille de cinq enfants. Mes parents m’ont transmis leur foi de façon naturelle. L’un des quelques souvenirs qu’il me reste de ma petite enfance est une image, celle de ma mère nous emmenant, ma sœur et moi, à la Messe en semaine. Cela ne devait pas être facile d’y participer avec deux ou trois enfants en bas âge pas toujours sages… Tous les étés, nous allions à Paray-le-Monial aux sessions de l’Emmanuel, où j’ai fait ma première communion. D’ailleurs, nous avons grandi au rythme des chants de la Communauté de l’Emmanuel que nous écoutions assez souvent, en vacances notamment. Plus profondément, je crois que c’est au contact de ce mouvement que mes parents ont acquit la spiritualité qu’ils nous ont transmise, notamment un grand amour pour l’Eucharistie et pour la Vierge Marie. Cela dit, je ne me souviens pas avoir ressenti vers cet âge là un appel particulier.
2 – Quelles ont été les principales étapes de votre vocation ? / Par quel chemin Dieu vous a-t-il conduit au séminaire ? et pourquoi ce chemin là ?
À la suite de diverses circonstances, quand j’ai eu à peu près dix ans, je n’ai pas pu continuer à bénéficier de l’ambiance porteuse dans laquelle j’avais évolué jusque-là, et j’ai peu à peu arrêté de pratiquer. Heureusement, en fin de quatrième, ma mère m’a inscrit de force à un camp itinérant du club Fennecs parce qu’elle avait vu une annonce dans Famille Chrétienne. Je n’avais aucune envie d’y aller, mais je n’ai pas eu le choix… C’est là que j’ai connu l’Opus Dei. L’ambiance m’a beaucoup plu, et je m’y suis tout de suite fait de bons amis, que je garde encore aujourd’hui. Comme je n’avais pas perdu la foi, j’ai repris la pratique religieuse sans difficulté. J’avais juste besoin que quelqu’un qui ne soit pas mes parents me montre que c’était important. Je me souviens bien de l étonnement de ma sœur quand j’ai dit, le dimanche suivant mon retour, que je voulais aller à la Messe…
Puis j’ai participé à d’autres camps du club Fennecs pendant les vacances, où j’ai appris peu à peu à prier, à avoir un véritable dialogue avec le Seigneur. Une fois, pendant les vacances, je n’avais pas réussi à prier pendant trois jours d’affilé car j’accompagnais des amis et je n’arrivais pas à m’éclipser ne serait-ce qu’un petit peu (il faut dire que je n’osais sans doute pas dire que j’aurais bien aimé m’isoler pour prier un peu). Sur le moment, je ne me suis pas trop rendu compte que cela me manquait. Pourtant, lorsque j’ai pu reprendre mon rythme habituel de prière, j’ai vraiment eu l’impression d’être comme un plongeur qui respirait un grand bol d’air après être resté longtemps en apnée.
C’est quand ma vie spirituelle a commencé à s’approfondir que j’ai commencé à me poser des questions de vocation. J’ai assez rapidement perçu que le Seigneur m’appelait au célibat, même si, au début, je ne savais pas comment cela allait se concrétiser. Vers mes dix-huit ans, avec l’aide de la direction spirituelle que je recevais pendant les séjours du club Fennecs, j’ai vu que le Seigneur m’appelait à faire partie de l’Opus Dei comme numéraire, c’est-à-dire en vivant le célibat apostolique. Cela faisait longtemps que je priais pour voir ma vocation, car je voulais vraiment que le Seigneur me dise ce qu’il attendait de moi et, d’un coup, il venait de me répondre. Grâce à Dieu, je n’ai plus perdu depuis cette lumière reçue de Dieu le jour où j’ai compris ce qu’il voulait de moi. Bien sûr, cela n’a pas été un chemin toujours large et balisé, ni un long fleuve tranquille. Il m’a fallu parfois me battre, surtout contre le vieil homme, pour défendre ma vocation. Mais c’est là le lot de tout un chacun. Un homme marié doit aussi parfois faire des efforts pour éviter de se retrouver dans des situations qui pourraient mettre sa fidélité à sa femme en danger.
C’est dans le cadre de ma vocation à l’Opus Dei qu’est venue ma vocation sacerdotale. Quelques années après avoir demandé l’admission dans l’Œuvre, j’ai eu l’impression assez forte que le Seigneur me demandait de devenir prêtre. J’en ai fait part aux directeurs de l’Opus Dei en France qui m’ont proposé d’aller au séminaire de l’Opus Dei à Rome, le Collège romain de la Sainte-Croix. L’an dernier, j’ai eu la joie d’être ordonné diacre puis prêtre, et je demande à Dieu de m’aider à devenir un prêtre selon son cœur.
3 – Pourquoi votre évêque vous a-t-il envoyé à l’Université de la Sainte-Croix ?
Dans mon cas, la réponse à votre question est assez simple, car tous les séminaristes de l’Opus Dei qui sont formés à Rome étudient à l’Université de la Sainte-Croix. Je n’ai d’ailleurs eu qu’à me féliciter de la formation que j’y ai reçue.
4 – En quoi la formation que vous avez reçue vous a-t-elle préparé à devenir prêtre ?
L’objectif principal d’une université est bien sûr de délivrer la meilleure formation accadémique possible. Simplement, en théologie, les critères pour la mesurer ne sont pas exactement les mêmes que dans les matières profanes. En plus de l’excellence intellectuelle, il est à mon avis fondamental que l’élève en théologie soit un homme d’une foi profonde et qui possède un grand sens de l’Église. En ce sens, les professeurs de l’Université de la Sainte-Croix sont de très bons modèles. Ils sont animés d’un véritable amour de l’Église qu’ils transmettent à leurs élèves. Chacun fait ensuite ce qu’il veut de ce qu’il a reçu, mais ma petite expérience personnelle est que la formation reçue à la Sainte-Croix marque de nombreux élèves bien au-delà de la formation intellectuelle, qui est par ailleurs exigeante. L’Université de la Sainte-Croix a d’ailleurs la réputation d’être l’université pontificale où l’on travaille le plus…
5 – Cette formation est-elle importante pour votre avenir ? Est-elle importante pour les fidèles vers qui vous serez envoyé ?
Elle est fondamentale. Lors de mes premières expériences de confession, j’ai été impressionné par la confiance avec laquelle les personnes qui venaient se confesser me traitaient. La formation que j’ai reçue tout au long de ces années romaines m’aide justement à répondre à cette confiance en donnant non pas ce qui viendrait de moi, mais le lait non frelaté de la Parole, pour reprendre une expression de la première lettre de Saint Pierre.
C’est pourquoi je pense que la formation intégrale reçue à la Sainte-Croix est essentielle pour la prédication et la direction spirituelle. Pour guider les autres, il vaut en effet mieux avoir soi-même quelques lumières car, sinon, le prêtre ne sera qu’un aveugle qui guide un autre aveugle et, comme l’a dit le Seigneur, les deux finiront pas tomber dans un trou. Et la lumière qui guide le prêtre, celui-ci la trouve dans l’étude de la théologie et la vie de prière personnelle.
C’est ici que tout se tient, car la formation théologique que j’ai reçue m’a considérablement aidé à enrichir ma vie de prière. Elle m’a aidé à mieux connaître la Bible, la Tradition, le magistère de l’Église, et donc, en définitive, à mieux connaître et aimer Dieu. Cette formation n’est d’ailleurs pas reservée aux prêtres. Tout le monde peut en profiter. J’ai d’ailleurs côtoyé de nombreux laïcs à la Sainte-Croix.
J’aimerais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour remercier vos donateurs de rendre possible ce magnifique défi de la formation. Je leur en suis très reconnaissant. Je suis certain que Dieu les récompensera du bien que les nombreux élèves de la Sainte-Croix réaliseront plus tard grâce à la formation qu’ils y auront reçu.