Chers amis séminaristes,
Je salue cordialement chacun de vous, ainsi que vos formateurs et vos Evêques que vous avez rejoints alors qu’ils ont achevé les travaux de l’Assemblée plénière de la Conférence Episcopale. Je me réjouis beaucoup de vous savoir tous réunis autour de Marie, la mère du Seigneur, en ce sanctuaire de Lourdes, tellement aimé à travers le monde.
En pensant à votre rassemblement en ce haut lieu marial, il me vient immédiatement à l’esprit et au cœur ce que la Parole de Dieu dit des disciples après que le Seigneur ressuscité leur ait demandé d’attendre l’Esprit Saint : « Ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement (…). Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères (Ac 1, 13-14).
En contemplant cet évènement, je voudrais que vous reteniez trois mots essentiels pour votre vie de séminaristes : fraternité, prière, mission.
Le livre des Actes nous dit que les disciples n’avaient qu’un seul cœur. Votre rassemblement en est une manifestation. Le temps du séminaire correspond à cette expérience fondatrice que les Apôtres ont faite pendant de longs mois, lorsque Jésus les institua « pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle » (Mc 3,14). La fraternité des disciples, celle qui exprime l’unité des cœurs, fait partie intégrante de l’appel que vous avez reçu. Le ministère presbytéral ne peut en aucun cas être individuel, encore moins individualiste.
Au séminaire, vous vivez ensemble pour apprendre à vous connaître, à vous apprécier, à vous soutenir, parfois aussi à vous supporter, afin de vivre ensemble la mission et de donner ce témoignage de l’amour, grâce auquel on reconnaît les disciples de Jésus. Il est important de faire ce choix personnel et définitif d’un vrai don de vous-mêmes à Dieu et aux autres. Je vous invite donc à accepter cet apprentissage de la fraternité en y mettant toute votre ardeur ; vous grandirez dans la charité et vous construirez l’unité en prenant les initiatives que l’Esprit Saint vous inspire. Vous pourrez ainsi inventer les moyens les plus adéquats pour vivre en vérité la fraternité sacerdotale quand vous serez ordonnés. Fraternité, c’est le premier mot.
Prière. Ensemble, les disciples sont en prière avec Marie, dans l’attente de l’Esprit Saint. Vous avez été appelés par Jésus qui veut vous faire participer à son sacerdoce pour la vie du monde. A la base de votre formation, se trouve la Parole de Dieu, qui vous pénètre, vous nourrit, vous illumine. En priant avec elle, tout ce que vous apprenez prend vie dans la prière.
C’est pourquoi je vous exhorte à prendre chaque jour de longs moments de prière, vous rappelant comment Jésus lui-même se retirait dans le silence ou la solitude pour se plonger dans le mystère de son Père. Vous aussi, c’est dans la prière que vous retrouvez la présence aimante du Seigneur et que vous vous laissez transformer par lui, sans avoir peur des sécheresses qu’elle comporte, de la nuit qui la constitue habituellement. Moïse lui aussi entrait dans l’obscurité de la nuée pour parler avec Dieu dans l’humilité, comme un ami parle avec son ami.
Que votre prière soit un appel à l’Esprit, c’est lui qui construit l’Eglise, qui conduit les disciples et infuse la charité pastorale. C’est dans la puissance de l’Esprit que vous rejoindrez ceux à qui vous serez envoyés, dans la conscience qu’ils attendent de vous que vous soyez des témoins de Jésus, des « hommes de Dieu », pour que vous les conduisiez au Père.
J’en arrive ainsi à ma troisième parole : mission. De par votre baptême, vous êtes faits pour l’annonce de l’Evangile. Avec l’ordination presbytérale, vous recevez la charge de la proclamation de la Parole, sous la responsabilité de vos évêques. En vous préparant à cette mission vous vous rappellerez que c’est le dernier commandement du Seigneur : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28, 19-20). Tout ce que vous faites pendant votre formation n’a qu’un but : devenir d’humbles disciples-missionnaires pour faire des disciples.
Je vous encourage à apprendre à connaître le monde auquel vous serez envoyés, et à inscrire en vous le réflexe de la sortie de vous-mêmes, de la rencontre de l’autre. La préférence pour les personnes les plus éloignées est une réponse à l’invitation du Ressuscité qui vous précède et vous attend dans la Galilée des Nations. En allant aux périphéries, on touche aussi le centre.
La mission est inséparable de la prière car la prière vous ouvre à l’Esprit et l’Esprit vous guide dans la mission. Et la mission, dont l’âme est la charité, consiste à conduire ceux que vous rencontrez à percevoir la tendresse dont le Seigneur les enveloppe, à recevoir le baptême, à louer Dieu, à vivre de l’Eucharistie, pour participer à leur tour à la mission de l’Eglise.
Marie a accompagné Jésus dans sa mission. Elle était présente à la Pentecôte quand les disciples ont reçu l’Esprit Saint. Maternellement elle a accompagné les premiers pas de l’Eglise. Pendant ces jours à Lourdes, confiez-vous à elle, remettez votre appel entre ses mains, demandez-lui de faire de vous des pasteurs selon le cœur de Dieu. Qu’elle vous affermisse sur ces trois points essentiels que j’ai abordés : fraternité, prière, mission.
Je vous donne de tout cœur la Bénédiction apostolique et je vous demande de prier pour moi. Merci.
Du Vatican, le 24 octobre 2014.